Jeudi Saint – 9 avril 2020

LE GOÛT ET LA MÉMOIRE
La mémoire du goût est l’un de ces mystères de nos sens qui souvent nous réjouissent. Telle saveur nous transporte dans une situation et une compagnie que nous avons vécue et qui nous revient donc. C’est dans cet esprit qu’au Jeudi Saint nous faisons mémoire du dernier repas de Jésus avec les siens, ceux qu’il a aimés jusqu’au bout. Situation de Dieu qui vient à nous et compagnie de celles et ceux que nous aimons par-dessus les distances.
Cette année cette mémoire est encore plus importante puisque nous sommes privés de ce repas depuis trop longtemps déjà. Alors comment communier quand nous sommes réduits au confinement ? Si nous n’avons pas le goût de l’hostie consacrée nous avons celui du geste étonnant de Jésus à ce même repas. Et la distance sociale n’empêche pas, bien au contraire, les gestes de service et de fraternité. Celui-ci n’est pas répertorié dans les 7 signes de l’évangile de Jean ni dans la suite des miracles. Cependant il me semble englober tous les autres.
Service, humilité, soin attentif, guérison… ce seul geste, étonnant pour un Dieu qui vient à nos pieds, suffit pour signifier qui est Jésus pour nous. Le mouvement de Jésus est impressionnant : il se lève de table d’un geste qui est déjà celui de la résurrection, il dépose ses vêtements d’un geste de dépouillement qui va à l’essentiel, il pend le linge comme un habit revêtant ainsi la tenue du serviteur, il se baisse aux pieds de ceux qu’il honore de sa présence et dont il prend l’histoire. Pas de savantes explications mais une présence agissante pour nous révéler la vie de Dieu dans tous les mouvements et gestes de la vie quotidienne.
Comme pour nous maintenant, les plans de Jésus ont été souvent bouleversés et à chaque fois il a trouvé les mots et les gestes pour faire face et même relever ceux qui sont l’objet de son attention jusqu’au bout. Avec Dieu le plus petit signe remplit tout une vie. Il nous conduit sur ces chemins paradoxaux qui élèvent ce qui est bas, qui place les derniers en premier. Le service à la table de la communion offre une transformation radicale de nos valeurs, la simplicité d’un amour donné. C’est ce goût-là que je nous souhaite, à vous et à tous les nôtres que nous ne verrons qu’à distance, au moment de faire mémoire de la nouvelle alliance !
Philippe Matthey
ÉVANGILE de Jésus Christ selon saint Jean 13, 1-15
Avant la fête de la Pâque, |
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Pour que l’homme soit un fils
Pour que l’homme soit un fils à son Image,
Dieu l’a travaillé au Souffle de l’Esprit :
Lorsque nous n’avions ni forme ni visage,
Son Amour nous voyait libres comme Lui.
Nous tenions de Dieu la Grâce de la vie,
Nous l’avons tenue captive du péché :
Haine et mort se sont liguées pour l’injustice
Et la loi de tout amour fut délaissée.
Quand ce fut le jour, et l’heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus, le Bien-Aimé :
L’arbre de la Croix indique le passage
Vers un monde où toute chose est consacrée.
Qui prendra la route vers ces grands espaces ?
Qui prendra Jésus pour Maître et pour Ami ?
L’humble serviteur a la plus belle place !
Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui. »
Didier Rimaud